20 octobre 2021

L’obstacle de la prononciation

L’apprentissage d’une langue seconde est semé d’embûches, mais l’obstacle le plus grand semble être la prononciation. Combien de fois me suis-je enfargée sur des mots comme « squirrel » ou bien « neighborhood », n’y voyant qu’un amoncellement de syllabes incongrues? Combien de fois ai-je évité des mots comme « error » ou « particularly », sentant chacun de mes « R » comme un pas mal assuré sur une patinoire?

Quand le doute s’installe…

Ce découragement est souvent accompagné de doutes. N’ai-je simplement pas de facilité avec les langues? Est-ce que je suis la seule personne à peiner ainsi? Ces questions sont normales lorsque l’on se compare aux autres, mais vous n’êtes pas seul.e à avoir cette insécurité.

Dans les faits, je suis persuadée que tous les francophones se sont heurtés, un jour ou l’autre, à ces difficultés. Pourquoi est-ce que je mentionne spécifiquement les francophones? Je vais vous faire part de quelque chose que j’ai appris et qui a chassé mon manque d’assurance.

Révélation à propos des francophones

Sachez que « les diverses langues parlées dans le monde utilisent des fréquences acoustiques différentes »[1]. Évidemment, ces fréquences varient entre les langues, certaines se situant dans les tons plus bas et d’autres dans les plus hauts. En raison de la vaste diversité linguistique, il est normal que certaines langues s’entrecoupent moins que d’autres sur le plan acoustique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les francophones ont littéralement du mal à entendre — et donc à reproduire — certaines langues ayant des fréquences plus basses ou plus hautes que leur langue maternelle. Par rapport au français, l’anglais a une bande de fréquence plus élevée, rendant difficile la perception de certains sons distinctifs qui sont absents de notre langue maternelle. On peut donc comprendre pourquoi les francophones ont plus de mal avec l’anglais que les autres.

Il y a également le cas contraire. Certains peuples semblent avoir plus de facilité dans l’apprentissage des langues, comme c’est le cas des Russes dont la bande de fréquence est très large, englobant les sons de nombreuses langues. Ce fait est prouvé, comme on peut le constater dans l’ouvrage Catalogue des idées reçues sur la langue de Yaguello, linguiste française.

Il serait aisé de penser que leur facilité provient d’un système d’éducation plus rigoureux, mais l’éducation n’explique pas cette latitude. Cette dernière leur vient de leur langue maternelle, le russe, qui leur permet d’exercer une fantastique gymnastique acoustique. Et même avec toute la volonté du monde, en tant que francophones, nous ne pouvons pas arriver aux mêmes résultats. Ce conditionnement articulatoire et auditif s’acquiert entre les âges de deux et quatre ans, et ce, presque à notre insu. Il n’y a pas grand-chose que l’on puisse faire pour prévenir cette contrainte puisqu’elle est indissociable à notre langue maternelle.

Et alors?

Ainsi, cette difficulté à apprendre l’anglais n’est en rien liée à vos compétences personnelles. De base, vous partez avec un bâton dans les roues. Or, cela ne devrait pas vous arrêter ni vous décourager! Non, loin de là! Votre maîtrise de l’anglais n’en sera que plus satisfaisante, car vous aurez surmonté un obstacle inhérent. Vous sentirez que vous avez accompli quelque chose d’incroyable et c’est le cas! Vous avez prouvé au destin altier des langues qu’il avait tort et que les francophones peuvent être — et sont — des bilingues!

 

Milie Corona

Enseignante

École de langues Évoluciole

Yes I can!

 

[1] Yaguello, Marina. (1988). « Catalogues des idées reçues sur la langue. » Éditions du Seuil. p.32

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